Le bourdon terrestre

Publié le 22 avril 2022

Lors d’une conversation sur les abeilles, c’est la description de l’abeille domestique, aussi appelée abeille mellifère, qui revient le plus souvent. Mais on oublie parfois que le bourdon terrestre est l’une des abeilles les plus importantes pour la pollinisation de nos plantes.

Reconnaissable à son profil robuste et son vol un peu hésitant, le bourdon terrestre est sans doute l’un de nos insectes les plus connus et un pollinisateur indispensable à l’équilibre de nos écosystèmes. Mais qui est-il ? Quel est son cycle de vie ? A quelles menaces est-il confronté ? On vous dit tout sur le bourdon !

Le bourdon terrestre est-il une abeille ?

Oui, le bourdon est une abeille et plus précisément une abeille sauvage ou solitaire. On dénombre environ 20 000 espèces d’abeilles sauvages à travers le monde, dont un millier en France.

Abeilles et bourdons appartiennent à la même famille (Apidae) et à l’ordre des hyménoptères (insecte caractérisé par quatre ailes membraneuses transparentes). Ce sont des insectes butineurs.

La confusion entre abeille domestique et bourdon vient du fait que l’abeille mâle est nettement plus grosse que l’ouvrière et qu’il est est surnommé « faux bourdon ». De plus, le bourdon a également une organisation sociale autour d’une reine, possède un dard et peut piquer. 

Quel est le cycle de vie du bourdon ?

La recherche du nid

La reine passe l’hiver en hibernation, elle s’enfouit à une profondeur de 5 à 20 cm dans le sol. Elle y reste durant 6 mois le temps que l’hiver passe. Lors de l’arrivée des beaux jours début mars, les reines bourdons sortent de leur hibernation et passent un peu de temps seules à butiner, se reposer et découvrir leur environnement.

Après une période de 2 à 4 semaines, elles se mettent à la recherche d’un site de nidification. Ce dernier est généralement sous terre, dans une cavité déjà existante d’environ 3 à 4 cm.  

La ponte des œufs

Dans le nid, la jeune reine construit deux cellules de cire d’environ 15 millimètres. L’une d’elles accueillera les premiers œufs et l’autre sera remplie de nectar et utilisé comme garde-manger.

Les œufs sont déposés dans la cellule de ponte sur une réserve de pollen et de nectar, ils sont au nombre de 5 à 20. La reine les couve grâce à sa température de 30 °C, durant trois à cinq jours. Les jeunes larves s’alimentent dans l’alvéole remplie de nectar. Au bout de sept ou huit jours, chaque larve fabrique un cocon dans lequel elle grandit pour se transformer en nymphe.

Les ouvrières

Au bout de 12 à 14 jours, des ouvrières adultes sortent des cocons. Ces femelles stériles s’occuperont de la prochaine génération d’abeilles en allant chercher du pollen, tandis que la reine pond au fur et à mesure en déposant trois à quatre œufs par alvéole, jusqu’à ce que la colonie atteigne environ 500 individus. La durée de vie d’une ouvrière est d’environ 2 mois.

Les mâles bourdons

Vers la fin de l’été, lorsque la colonie atteint un nombre suffisant d’ouvrières, la reine commence à pondre des œufs non fécondés qui donneront naissance à des mâles et des femelles fertiles. Ils erreront un peu au sein de la colonie, puis s’envoleront afin de s’accoupler.

Les futures reines fécondées passeront l’hiver à hiberner tandis que le reste de la colonie déclinera au fur et à mesure que les ressources florales se feront moins abondantes. Elles tenteront d’installer une nouvelle colonie au printemps suivant et vivront environ 12 mois.

Est ce que les bourdons terrestres piquent ?

La première question que l’on retrouve le plus souvent à propos de cet insecte est s’il pique comme la guêpe ou l’abeille.  

Le bourdon mâle, dépourvu de dard, ne pique pas. Cependant, la femelle bourdon pique. Les bourdons ne sont pas agressifs comme la guêpe, et s’il vous arrive de recevoir une piqûre de leur part, cela sera surtout par autodéfense. Contrairement à l’abeille, le bourdon peut piquer plusieurs fois sans avoir la crainte de mourir puisqu’il ne laisse généralement pas son dard.

Cependant, s’il laisse son dard, il faudra l’enlever délicatement à l’aide d’une pince à épiler, laver et désinfecter la zone de la piqûre. Il est aussi recommandé de mettre un glaçon sur cette zone pour calmer la démangeaison et surveiller la piqûre.  

Comment différencier un bourdon mâle d’un bourdon femelle ?

Et non, le bourdon n’est pas le mâle de l’abeille ! Même s’ils ont le même rôle de pollinisateur, ils ne se ressemblent pas beaucoup.

En effet, le bourdon terrestre est une abeille sauvage de grande taille, au corps recouvert d’une abondante pilosité noire avec deux bandes jaune orangé et une bande blanche à l’extrémité de l’abdomen.

On reconnaît les bourdons mâles à leurs antennes plus longues. Ils apparaissent généralement en été, ils sont dépourvus de dard. Seules les femelles ont un aiguillon pour se défendre. Il leur sert aussi d’organe de ponte.

Quel est le rôle du bourdon dans la pollinisation ?

Le bourdon est un insecte pollinisateur souvent oublié. Il est pourtant extrêmement efficace puisqu’il commence à butiner dès le mois de mars et ne s’arrête pas jusqu’au mois d’octobre-novembre, lorsque les températures commencent à atteindre 5° C.

Il ne craint pas les intempéries et butine dès l’aube, que ce soit par temps pluvieux ou venteux. Son corps poilu se charge de pollen qui se répand involontairement sur les autres fleurs qu’il visite.

Grâce à toutes ces qualités, le bourdon est parfois domestiqué pour la pollinisation des plantes sous serre comme les tomates ou les fraisiers. Il est l’un des rares pollinisateurs des tomates sous serre. En effet, cette plante nécessite un mode de pollinisation particulier. Elle doivent être secouées pour que les grains de pollen tombent sur les ovules. Le bourdon, grâce aux muscles de ses ailes, est quasiment le seul butineur à pouvoir s’accrocher, tête en bas, à la fleur de tomate et à la faire vibrer.

Depuis cette découverte, les bourdons sont utilisés sur plus d’une centaine de cultures différentes à l’échelle mondiale.

Quelles menaces pèsent sur le bourdon terrestre ?

La menace des prédateurs sur le bourdon terrestre

Lorsque l’on pense au prédateur principal du bourdon, on s’imagine directement un oiseau. Mais cette idée est erronée. En effet, les parasites de nids sont les premiers prédateurs des bourdons.

On retrouve trois principaux parasites :

  • le bourdon-coucou qui ressemble au bourdon terrestre, mais qui est beaucoup plus clair et ne présente pas toutes les bandes colorées sur son abdomen ;
  • le syrphe aussi appelé volucelle bourdon
  • le papillon de nuit, aussi appelé pyrale du bourdon, l’un des plus importants ravageurs des colonies de bourdons.

Tous trois envahissent les nids des bourdons pour pondre leurs œufs. Leurs larves se nourrissent du nectar et des larves de bourdon pour pouvoir grandir.

La menace humaine

L’intensification de l’agriculture est l’une des menaces les plus significatives pesant sur les abeilles sauvages. En effet, l’expansion de l’agriculture accélère la destruction des prairies, des champs à l’abandon et leurs bordures, des forêts et des haies, réduisant la quantité de nourriture pour les abeilles. Elles ne sont donc plus en mesure de nourrir leur progéniture et de se nourrir elles-mêmes.

Cette intensification de l’agriculture a entraîné une augmentation de l’utilisation des pesticides sur un grand nombre de sites de nidification des abeilles. On retrouve ces pesticides sur le pollen, le nectar, l’eau ou l’air. Ils affaiblissent le système immunitaire des abeilles sauvages, les rendant plus vulnérables aux maladies et aux parasites, et entrainant à long terme leur mort.

Outre ces menaces liées à l’agriculture intensive, l’expansion de l’urbanisation détruit aussi les habitats naturels des abeilles sauvages. Les zones urbaines fragilisent les écosystèmes. Le bourdon, par exemple, construit son nid dans le sol, qui se voit remplacé par des dizaines d’immeubles ou de maisons.

Enfin, les bouleversements climatiques, comme la hausse des températures ou l’augmentation du nombre de phénomènes météorologiques, sont à l’origine de modifications importantes de l’environnement des abeilles, accélérant l’extinction de ces pollinisateurs.

Et si vous aussi vous être prêt à participer à la protection de nos petites pollinisatrices sauvages, n’hésitez plus, adoptez un Dorlotoir et rejoignez notre aventure en devenant à votre tour un Dorloteur d’abeilles solitaires !